Tu l’entends mais tu ne l’écoutes pas.
Le son du bol.
Bois contre métal.
Est-ce que la vibration s’arrête au contour de mon corps ou est-ce qu’elle me traverse ? Je ne devrais pas y penser maintenant. Trop tard. Et si elle me traverse, s’en trouve-t-elle modifiée lorsqu’elle parvient jusqu’à mon voisin silencieux ? Si elle s’en trouve changée, alors est-ce un peu de moi qui traverse le corps de mon voisin silencieux ?
Zazen.
Ecrire le son. Chercher les mots pour cet évènement qui me ravit à chaque début de méditation.
Bois contre métal.
Ecrire au plus juste.
Bois contre métal.
Tout d’abord…
C’est un choc.
Qui me surprend à chaque fois. Léger. Une tape. Une intention. Est-ce un homme, est-ce une femme ? Parfois aussi, c’est une lame qui entaille l’épaisseur du silence. Une blessure de l’air qui se propage. Ou ce n’est que le vent qui chahute une cloche suspendue à un mât. On ne peut savoir où. Est-ce un homme, est-ce une femme ? La voie débute ainsi par une rencontre.
Entendre le bâton contre le bol.
Ne pas l’écouter.
Ne pas se laisser emmener.
Mais tout est permis.
Le son trouble la surface du temps. Comme le ferait une pierre jetée dans un lac. Des vaguelettes s’enroulent autour de mon corps. Elles n’ont que faire de moi. Suis-je un obstacle ? Mes oreilles s’ouvrent en grand. Les secondes se collent les unes aux autres. Plusieurs secondes font un instant.
Et l’instant s’étire.
Je me demande combien de temps pourrait durer l’instant. Et jusqu’où ?
Ecrire le son.
Bois contre métal.
Des flocons de neige mouillent mes joues. La poitrine se soulève, le son est déjà entré. Il se mélange aux sanglots. Je laisse faire. Je voudrais résonner encore, toute la journée, n’être qu’un homme qui résonne. Un homme dont la poitrine se soulève, secouée par une lame de fond.
Bonjour Daniel, c’est vraiment très beau, j’aime beaucoup tes textes liés à la pratique du zazen. Vraiment très inspiré et inspirant !
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