DE PLUS EN PLUS LÉGER

Léger, de plus en plus léger
Désormais, telle est ma devise
Léger au point que je ne peux
Me rappeler l´âge que j´ai
Le temps, sur moi, n´a plus de prise
Et l´avenir m´importe peu
Je frisotte mes tempes grises
Je suis tout léger, tout léger


Léger, de plus en plus léger
J´aimais le printemps et la brise
Maintenant, auprès de mon feu
Plus rien ne peut me déloger
Même en plein mois d´août, je l´attise
Je ne sors plus, j´en fais l´aveu
Le vent du Nord est ma hantise
Je suis trop léger, trop léger

Léger, de plus en plus léger
S´il me faut subir les sottises
D´un philosophe ou d´un bas-bleu
Je garde un sourire figé
Mes souvenirs s´idéalisent
Et je me laisse prendre au jeu
Je n´ai connu que des marquises
J´étais bien léger, bien léger

Léger, de plus en plus léger
Je reçois cousine Héloïse
Elle rougit jusqu´aux cheveux
Quand je dis : « Tu n´as pas changé! »
Je lui conte des paillardises
Cela nous suffit à nous deux
Et mes façons restent exquises
Je suis très léger, très léger

Léger, de plus en plus léger
De tabac, je hume une prise
J´esquisse un pas de danse, ou deux
Mais que tout me semble étranger
Bientôt je mourrai par surprise
Sans peur de Dieu, sans un adieu
Comme un fil de cristal se brise

Je suis si léger, si léger 

.

(Musique légère, paroles : Jean-Roger Caussimon, musique : Francis Livon)

J’y retourne. Au premier jour de l’été. Tokyo. Qu’avons-nous encore à nous dire ? J’appréhende de te revoir. Tu ne m’as pas manqué.  À mon dernier voyage tu me sortais par les yeux. Mes yeux étaient fatigués. J’en avais marre de tes avenues de tes foules de tes  bruits de mes silences maladifs. Cinq années ont passé. Léger. Je me sens maintenant si léger. Sans doute parce que je me suis débarrassé de cette vielle peau de faux journaliste faux photographe faux écrivain. La mue est à ce point que j’ai vendu tout mon matériel de photo et d’enregistrement, le sac compris. Plus rien. J’y retourne léger presque les mains dans les poches. D’ailleurs ce n’est pas nouveau, je suis atteint d’une dinguerie qui me déleste de mes objets. Tous les objets m’emmerdent, m’étouffent, noircissent ma vie, à l’exception de quelques-uns, très peu, qui m’éclairent et me sourient. Une obsession de moine. J’ai depuis longtemps viré mes dessins, mes peintures, mes livres et puis mes vêtements, mes meubles, ma voiture aussi. Tellement léger. Donc j’y retourne, j’ai trouvé une chambre dans un ryokan au nord-est de Tokyo à Taito city. Une chambre vide avec un futon posé sur les tatamis au sol. Et une fenêtre aussi. 

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