
Salut daNIel. En réponse à ta dernière apparition sur mon pauvre petit écran de Mac, si tu veux faire des photos de moi ou d’autre chose dans le lieu tu es bien entendu le bienvenu mais pour ce qui est de moi il va falloir se dépêcher car la mort rôde au détour du chemin de la vie. Je plaisante mais c’est la seule chose dont je suis absolument certain depuis toujours : ma disparition !
Les photos, très réussies, et je pense surtout aux mains tenant et présentant des livres car mon visage fût pris au moins des centaines de fois depuis 15 ans. On pourrait faire un diaporama accéléré pour les recherches médicales concernant la décrépitude et les erreurs du temps. Mais c’est depuis que cela se dégrade le plus que les femmes arrivent.
C’est un travail mis en œuvre par deux étudiants (20-25) extrêmement délicats et très discrets. Ils comptent se marier et se regardent comme si la vie s’était arrêtée juste devant leurs pieds ou leurs yeux, je ne sais. Il leur reste encore à prendre les photos des peintures et des encres de chine pour finir le travail d’approche. Après le texte du catalogue doit être rédigé en essayant que tout soit cohérent. Quel travail. Il y a quelques jours j’ai dû subir des séances films avec trois jeunes filles (une très belle) de la « Fémis », assez drôle mais finalement chiant car les prises sont toujours les mêmes. La nouvelle vague ne les a pas touché ou alors pas au bon endroit (je vais essayer de rectifier).
Quand je repense au tournage des « 400 coups » et de la chance que j’ai pu avoir avec mes copains d’école, il ne s’est rien passé depuis. Merde ! Enfin je peux me tromper. Je vais arrêter car sinon je pars pour écrire un livre. Je vous embrasse tous les trois et à bientôt. Michel.



Mon cher Daniel, comment répondre à tant de gentillesse. Tout ce que je sais n’est que le début d’une fin. Fin d’une aventure et certainement début d’une autre ? Mais je suis fatigué de toutes ces aventures. Pour ce qui est des pistes possibles (légales) on nous propose à Reuilly Diderot l’ancienne caserne des pompiers, rue de Reuilly ! 7000m2. Bien, c’est encore parisien.
Mais il va falloir partager avec d’autres intervenants ce qui n’est pas une mince affaire. Ceci est considéré comme un relogement car Paris-habitat considère que nous ne sommes pas que des parias, au sens grégaire du terme, car nous avons animé la Chapelle pendant maintenant près de cinq années et ils vont bien entendu reprendre tout cela en tant que bénéfice propre. Nous sommes habitués.. Le 59Rivoli fut pareil……Quelle chance pour eux !
Pour ma part Paris commence à me désoler et j’ai le sentiment profond que je dois aller planter mes livres ailleurs.
Ce jour, rencontre d’une personne (?) qui a une maison dans le Morvan et qui ne sait plus quoi en faire. Ça arrive. Il y avait déjà avec Bruno l’histoire d’un château en Bourgogne mais tout cela n’a plus l’air de fonctionner parfaitement. Je ne sais pas encore trop pourquoi. Si je sais, les propriétaires terrains ont toujours peur qu’on pique leur terre alors qu’ils n’en font rien. Tout cela n’est pas grave…
Pour ce qui est du site tu as dû voir que n’ai rien fait mais tu as complètement raison. Il faut faire quelque chose mais je ne sais quoi.
Pour ce qui est de la poésie si tu veux je peux te fournir un paquet de textes que tu peux mettre en ligne mais je ne sais toujours pas à quoi cela peut-il servir. Tu dois certainement croire que je suis nihiliste mais je suis incertain sur le fonctionnement de certaines choses ou serai-je trop vieux pour continuer à rire ?
Reçois toute mon amitié, belle chose que la vie ! Michel.
P.S : tu fais ce que tu penses, cela ne sera que bien. J’ai une confiance complète en toi. Embrasse ta famille, tu détiens un trésor………



Salut Daniel. Je fais tout mon possible pour rester sur Paris mais tous ces contacts à l’extérieur pourraient servir à me mettre au vert (une semaine, un mois) pour certains travaux. Je sais parfaitement que quitter Paris correspond à un enterrement de 1° classe et je ne suis pas encore prêt, enfin j’espère. Il est vrai que le moral n’est pas au beau fixe mais c’est comme le temps. Un jour avec soleil le lendemain sans.
Il y a une piste, via Paris-habitat, c’est l’ancienne caserne des pompiers de Reuilly Diderot ! Mais 7000 m2, alors c’est bien entendu à partager avec plein d’autres zygotos et cela ne m’enchante guère. Tu vas dire que dans ma situation je ne devrais pas faire la fine bouche mais ce que je fais demande du calme, du silence et surtout de la sécurité sur le matériel (MAC, papier, livres). Il y a parfois des journées et des nuits où je suis seul mais cela ne me pose aucun problème, de plus j’ai encore les chats. Je connais la solitude et comme l’on dit je préfère être seul que mal accompagné.
Sara me manque aussi car nous avons fait un long chemin ensemble — 11 ans, ce n’est pas rien mais je suis heureux qu’elle puisse enfin s’installer dans un lieu où elle n’aura qu’un seul soucis : s’occuper d’elle, de ses chats et de sa sculpture. Fini pour elle tous les tracas administratifs en tout genre. C’est beaucoup de responsabilités pour des gens qui finalement s’en foutent. Tu sais très bien que pour ouvrir des lieux, aller chez les flics et ensuite au tribunal, ce sont toujours les mêmes qui prennent les risques mais lorsque la situation est stable et reconnue alors il y a foule pour avoir une place. Rigolo, non ! C’est très humain mais assez fatiguant.
Mais le sieur Bruno est toujours là et il est en train de détruire sa maison car il ne faut rien laisser derrière nous. On embarque même les plantes du jardin. J’ai vendu un dessin à un photographe attaché au magazine « Vogue » français et au magazine correspondant japonais. Donc j’ai vendu une encre de Chine à un Japonais !
Il se nomme Ikuo Yamashita et c’est une grosse pointure dans le monde photographique. En ce moment il est retourné au Japon mais à son retour je pense qu’il serait certainement intéressant que tu le rencontres. Il a fait tout un reportage peinture et de superbes photos sur moi qui seront publiés dans Vogue mais je ne sais quand.
Voilà quelles sont les nouvelles fraiches. Ah oui j’oubliais, il fait super froid dans la maison car j’ai refusé d’acheter du fuel pour la chaudière car ils ne livrent qu’à partir de 1000€. J’ai pensé que pour deux mois c’était un peu cher. Ils n’ont tous qu’à retourner chez leurs parents s’ils souffrent du froid. Aucun intérêt de laisser 500€ de fuel dans la cuve à notre départ. Finalement je suis un vray salopard car moi le froid me glisse dessus. De plus deux bouillottes poilues et ça me suffit. Bises à vous 3 et à bientôt des nouvelles, peut-être même une visite. Michel




Mon cher daNIel. Eh oui, toujours au jardin et je commence à en avoir marre car il y a une quantité impressionnante de choses dans des cartons déjà partis à Reuilly. N’oublions pas que nous devions partir fin novembre alors…… c’est le bordel ! J’attends aussi avec impatience que le soleil revienne et que la pluie cesse enfin. Lorsque je serai installé dans le 12ème, tu seras le premier prévenu !
Mais avant l’installation il faut trouver sa place et s’y habituer et encore reconstruire. Au rez-de-chaussée j’ai un endroit pour peindre et au 1er étage une pièce de plus ou moins de 30m2. Je ne vais pas me plaindre mais c’est la cohabitation qui risque d’être pénible car il n’y a presque plus d’artistes dans le groupe mais tout un lot d’écolos. Je n’ai rien contre les écolos mais je n’ai pas envie de parler tous les soirs de navets et de carottes bio. Car je viens de comprendre que tous ces gens ne pensent qu’à bouffer. J’ai une tendance à me comporter très zen sur la nourriture. Je mange pour vivre ou simplement survivre mais ce n’est pas ma préoccupation première. Pour moi un repas c’est une forme de partage et là je ne vois pas où se trouve le partage.
Je dois être trop exigent sur mon entourage. Et de plus il n’y aura plus de peintres ni de sculpteurs. Enfin, il faut que je cesse de mal parler des autres et prendre la vie comme elle vient. A bientôt. Michel.



Salut tutti. Je vis tant bien que mal dans un lieu qui ne correspond pas ou plus à mes activités avec des gens que je ne supporte plus. Je m’explique : mes activités éditoriales (j’aime les grands mots) ne s’inscrivent (!) pas dans ce lieu qui est devenu un bordel inextricable et sale. J’ai besoin de propreté et de silence autant pour peindre que pour mon travail de mise en page. Alors je cherche un lieu qui pourrait mieux convenir à mes désirs si infimes soient-ils. J’eus quelques pistes qui se sont avérés douteuses, donc je continue mes investigations.
Au sujet de ma santé j’ai connu suite à une ingestion importante de comprimés 10 jours en divers hôpitaux surtout au début en réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière puis à Lariboisière, mon hôpital repaire. Les médecins appellent cela une tentative de suicide et tout ce que cela comporte. Les méta-bloquants font chuter les pulsations cardiaques à un rythme qui induit au final à un arrêt cardiaque. Je suis descendu à 30 pulsations/mn et l’arrêt se situe vers 35 ! Je crois que tu peux comprendre ce qui a pu se passer. La descente aux enfers et le retour !
Quelle histoire !
Je n’ai pas vu de tunnel lumineux comme disent certains romanciers sans le savoir mais une explosion gigantesque. J’étais à Hiroshima et j’ai vu des milliers de cadavres sur le sol devant moi et autour de moi. Cela peut correspondre à ma naissance et surtout à mon anniversaire, je ne sais et ne veux pas en savoir davantage. Je vais commencer ce travail que je peux traduire en peinture, mais il me faut du calme. Et celui qui aura cette toile chez lui aura du soucis à se faire. Enfin j’ai vu ce que je voulais voir et cela est bien. Donc je suis devenu un homme nouveau, zen et très amoureux de la vie.
Je pense et crois fortement qu’il faut aller jusqu’au bout de ses réelles pulsations et demandes pour enfin savoir qui nous sommes réellement derrière notre visage souriant. Depuis cela j’ai plus de 300 encres de chine à mon actif et suis assez content du rendu sinon je détruis. Vous êtes ma famille et je vous embrasse affectueusement et même plus. Michel san



Chers vous, nous ne sommes que le geste d’un certain nombre de personnes inconnues qui sont devenues nos parents sans le savoir mais après quelques années, je veux dire depuis le début de notre venue sur cette planète, nous sommes rentrés dans cette gigantesque confrérie qui fait que les hommes puissent vivre ensemble et continuer à créer je ne sais quelle bêtise mais qu’elle soit de bon goût et qu’elle puisse faire en sorte que nous devenions éternels. Je vous embrasse et vous aime tendrement. Michel.





TON ŒIL
EST MAQUILLÉ
POUR MON ŒIL.
Ton sein est maquillé pour mon sein. Chaleur qui monte de tes yeux et qui réveille les miens alourdis par de multiples nuits de rêve. Il ne suffit que de regarder l’oiseau qui s’envole lorsque tu fermes les paupières. C’est l’entourage de ta bouche et de ton sourire qui m’enveloppe de sucre, de soie, de miel.
Ta bouche distribue du miel comme la pluie.
Ton odeur remplit ma bouche, du miel chaud coule sur tes joues qui rient sans savoir.
UN FIL INVISIBLE NOUS RELIE.
Les années de lumière se donnent la mort devant la porte de ta chambre : le voisin du quatrième vient de se tuer. Adieu.
Elle tenait entre ses mains ma mort inéluctable. Juste un enfant mort que personne n’a le droit de me reprendre. Écris-moi la suite des révélations. Il y a toujours une fatigue à la charnière. Les os rompent leur monotonie et la suite est toujours la même. Les enfants épileptiques épileptiqueront sur mon corps avec merveille et grâce.
Je rencontre devant mon ventre la suite inchangée de mes angoisses, la recherche de mes vertiges. Enfin la satisfaction de me mettre à nu devant un miroir de pluie, un miroir de craquelures, un miroir plein de pluie.



JE PENSE MOURIR
Je pense mourir un certain beau jour de bonne pluie avec toute sa câlinerie, ses instants de réflexion et toute son envie de ridicule comportement.
je pense mourir un certain beau jour de bonne pluie emportant toute ma collection de cerfeuil, de trèfles à trois feuilles et tout le reste bon pour la soupe des enfants paralytiques et névrosés que l’on côtoie dans les livres d’image.
Je pense mourir un certain jour de belle et bonne pluie avec mes trèfles à sept feuilles comme les sept femmes des jeux de sept familles.
Il faut cesser toute excitation cérébrale, tout cela est mauvais. La difficulté de former des lettres, la pluie qui n’existe plus dans mon vocabulaire, la difficulté de noter les choses les unes après les autres. Florence est à Venise ce que les canaux sont aux rues. Venise s’enfonce, bientôt engloutie par les miasmes des erreurs des autres.
Dans mon sang coule du sang qui n’est pas le mien. Et si cela était vrai ? Cela est vrai. Tenue stricte, habit neuf et ongles peints. Routes aves lignes blanches ou jaunes suivant l’époque. Mes enfants rigolent chez moi pour encore combien de temps.
Sont-ils déjà loin ? Je ne sais répondre à ce genre de question.
Ma main n’existe plus. Le réservoir du stylo se vide comme dans une agonie de pensée. Une éraflure sur le ventre et tout le reste qui bascule dans un univers de gentille bêtise.




MON DOIGT EST CHEZ VOUS
Votre con est mou et doux
Comme un gentil doudou
Mon doigt est chez vous
À l’intérieur de votre corps
Au chaud de vos lèvres mauves
Votre con est mou et doux
Comme un gentil doudou
Mon vit
Est chez lui
À l’intérieur de votre vie
Au chaud de vos lèvres muettes
Votre con est mou et doux
Comme un gentil doudou
Ma vie
Est chez vous
Au chaud de vos lèvres mauves
À l’intérieur de votre vie

LA NUIT ENTOURE LES NUAGES
Rares et monotones
Craquants et ruisselants
D’oiseaux noirs.
L’air roucoule une chanson napolitaine
Et les rares passants s’imaginent devenir des humains.
Que sont-ils ? de simples oiseaux,
Sans ailes, sans plumes, sans fromages ni corbeaux.
La nuit enlace l’orage de ses bras câlins.
Je ne suis plus apeuré, je peux revivre une nouvelle fois.
De plus belle, certainement.
Sans auréole de catastrophe, sans souci de conneries.
– avec un couteau -.
Je suis impeccable, sec et desséché.
L’amour me colle aux tripes : sans bavures sur mes oripeaux de roi.
J’avance nonchalamment étendu
Sur le recueil des herbes et des poissons fous.
Je respire l’humus et les eaux.
La source qui respire à côté de mon ventre
S’amuse à faire craquer ses doigts
Pour me donner plus de vraisemblance.
L’oiseau étire ses ailes
Et souffle un grand coup dans son mouchoir
Rouge au milieu et jaune sur les bords : usé jusqu’à la moelle.
Tel l’oiseau, je recueille la richesse de mon corps
Et manque de déraper sur le bord glissant de la nuit.
Je me réveille juste à temps
Pour ne pas trop écorcher le jour.

RECUEILLEMENT DE LA PRIERE.
Repeindre le ciel à 220000 Km/s.
S’expatrier sur le rêve, sans plus justifier les raisons. Basculer dans l’eau pure d’un Styx infernal, rassembleur des âmes, de leurs soucis, et se préoccuper uniquement des cymbales et autres clefs d’arpège. Puis tomber et croire dans cette libre chute à l’infini musical de l’âme.
Respirer à pleins poumons le sel et le cracher au loin violemment. Extirper de sa bouche toute aventure vécue. L’afflux de gênes encombre le cerveau encrassé par des années soucieuses, ralenties. Le soir tombe sur un parquet plein de rêves, supporter l’amour du rêve proposé.
Se balancer sur les genoux de droite et de gauche à ne plus savoir quoi en faire afin d’oublier la respiration du milieu du corps. La position à genoux est la plus bénéfique pour mettre son âme à plat. Apprendre que le regard est toujours chargé de questions. Ne pas y répondre, mais savoir que d’autres existent, et plus belles. Faire passer son corps de l’autre côté de la porte. À travers la porte. Retrouver le miroir taché de son âme salie par le vide de l’intérieur du ventre. Aspirer à la sagesse de son goût fétide et brutal et le respirer jusqu’au bout. Les charniers sont toujours extrêmement durs à localiser.
Les âmes m’emplissent et je n’attends que les secours de celles-là, latentes, toutes photographies jaunies par le temps. Il ne compte plus au creux de ma main partie à la poursuite d’un cours de souvenirs majestueux et irrévérencieux. Ne pas la fatiguer par une écriture malsaine et non aboutie.
Cela cogne dans le cerveau. Où la chose se produit-elle? Là ou ailleurs; dans le brouillard de mes yeux et le sentiment d’éclater à l’intérieur. Peut-être est-ce cela le recueillement? Sentir son poids sur les talons et avoir mal, très, partout; articulations abrégées par le temps; la respiration, de plus en plus difficile, sombre dans une espèce de coma. Il retentit dans le cerveau. Et la page qui se griffonne, et le temps qui passe, et le poids qui tombe depuis l’âme et tout le reste qui ne fuit pas, et la fatigue des yeux qui ne suivent plus et des oreilles qui entrent, muettes à l’intérieur du corps, et celui-ci qui s’alourdit, et le sang enfin qui se raréfie. Localiser complètement le cœur pour être capable de poursuivre le dialogue silencieux, de suivre la fatigue. Le temps est trop mou.
J’ai de la difficulté de tout amener au bout de ma page, au bout de son propre sang. Mes yeux basculent hors de la page, hors de ce temps, ma main court sur le papier et je ne peux l’arrêter; un sang circule dans mon intérieur, douloureux.
Le mal partout s’installe. Bientôt les yeux se fermeront. Ailleurs. Tout s’est arrêté. Je suis arrêté dans mon propre corps, c’est long et lourd à supporter. Alors la difficulté s’installe dans l’écriture. Je crois que je vais arrêter ma main, l’autre ne bouge déjà plus, collée au carrelage du cloître, je suis figé, pétrifié. Je ne peux plus peser correctement mon âme, c’est pourquoi je rends mon âme, elle n’a pas de valeur, elle est vide. Je suis empli de vide, et le temps se poursuit. Inexorable. Devant moi et j’ai mal. Voir n’est pas simple, cela fait très mal. Malgré tout continuer. Jusqu’au malaise possible, mais seul toujours, sans partage avec qui que ce soit.
Mes jambes n’existent plus, je continue à partir loin. Très loin avec les anges durs qui me maltraitent longuement. J’ai mal librement, en silence, profondément. J’ai une vision béante, trou de croyance noire qui se remplit de sang. Ses gouttes sont beaucoup plus bénéfiques que le soleil.
J’ai quitté un état pour en retrouver un autre. Où se situe la fin du vertige ? J’éprouve l’immense joie de la solitude. Mais comment la communiquer et qu’est-ce que cela voudrait dire ?
Ma marche devient de plus en plus souterraine. En quittant les autres, je ne trouve pas mon intérieur. Faut-il l’au-delà pour la réponse ? Passer par cette banalité ? La sortie est toujours présente, pensive. Mes mains ne répondent pas vraiment à la question.
Que faire ? La sortie ! Je demande à genoux la sortie. J’ai déjà vu trop de choses et en ai surtout déjà trop fait. Alors l’espoir dans la douceur, sous quel visage, tourner pour trouver un visage qui est devant soi, toute cette fatigue pour rechercher au loin ce qu’on a sous les yeux ! Qu’y a-t-il de si terrifiant au-delà de soi? Pourquoi attendre que cela se manifeste ? Où est Dieu à l’intérieur de tout cela ?
Jour d’accablement et surtout pas le dernier.
4h18 et tout le reste qui coule.
Si, à l’intérieur, j’étais un autre ?
Je suis condamné à rester cloué au même bois.
Sans avoir trouvé l’intérêt de ma vie.
Le sursaut: ouvrir les yeux sur la beauté.
La procession débute et me bascule dans le vide de mes os.
J’ai entendu la sonnerie.
Fin de la prière.

NOIR
Noir, je te broie
dans un grand moulin de suie.
Tu es l’anti-couleur des hôpitaux,
tu es l’âme des oiseaux de proie,
tu es l’image de ma mort,
simple douce et révoltante.
Image négative
de tous mes amours,
image iconoclaste
des voleurs de jours.
La révolte pointe son nez
sur des oiseaux à ailes.
Les oiseaux les plus grands,
les plus beaux.
Il faudra ramasser les brindilles,
les nids se renversent le matin
et se rebouchent le soir.
Je peindrai mes murs en noir
puis j’y tendrai du tissu noir.
Quelque jour il y aura du feu dans la cheminée,
des oiseaux perdront leurs ailes,
et les cormorans s’englueront
dans la mer noire de l’homme.



J’AI LES MAINS PLEINE DE MOTS.
Inexactitude des mots. Je n’ai jamais le temps de les écrire. Ils me fuient. ma pauvre tête les conçoit, genèse infernale, les supporte mais ne peux plus les véhiculer. JE SUIS EN MOINS SUR L’ÉCHELLE DE MES VALEURS. Je descend progressivement dans le règne des animaux. Je scie volontairement mes barreaux. le malais m’envahit ; les possibilités de vivre s’amenuisent.
Parlerai-je de mon corps ? De ses ennuis, de ses plaintes, de ses insuffisances, ses migrations. Je finirai là où les autres démarrent. Hurlerai-je davantage devant vos yeux ? ……. Peut-être pas. Juste ce qu’il faut pour que vous continuiez à m’aimer. j’ai besoin de vous, de vos râles, de vos soucis, de vos conceptions hasardeuses de la vie, pour enfin apparaître sur l’herbe, au ras du sol, avant de me dresser, animal fabuleux, malade d’amour, névrosé de rencontres, qui croit aux autres lorsqu’il ne se fait pas piétiner.
Qui croit à la vie tant qu’on ne le fait pas mourir.




JE SUIS TOI…
Ode à une femme aimée
J’ai le sexe qui vadrouille du côté de toi. Encore tout petit comme un oiseau qui cherche son nid, enfin ton nid. Et petit à petit il devient le futur prédateur de ton sexe ? Le truc qui se cache entre tes jambes-cuisses-et-le reste. Complètement. Je suis le vautour de ton ventre. Enfin. Je ne suis rien.
Juste un homme qui aime une femme, une femme qui fait semblant d’y croire. Toutes les femmes font cela. Presque toutes. Elle non, elle cherche pourquoi je vais mourir un jour sans la prévenir. Et elle ne sait rien comme les autres. Elle ne sait pourquoi mais je vais la guider. J’aimerai pouvoir tout le temps mentir sur tout et que les autres puissent y croire, croire que la vérité est ailleurs. Les oiseaux eux ne mentent pas, ils appellent les autres pour raconter des histoires vraies, leur apprendre où ils pourraient se procurer la meilleure nourriture et surtout pouvoir dormir tranquille.
Les arbres !… Toujours les arbres. Maintenant les hommes commencent à y construire des cabanes et j’en connais des hommes comme cela, c’est à dire libres. Alors ! Les oiseaux s’aiment et se racontent des histoires d’Amour. On installe les roses dans des pots mais la rose doit courir toute la journée sinon elle perd de sa couleur. Les hommes sont tous morts, pas les fleurs.
Essayez d’être une fleur et vous raterez, essayez encore, et vous raterez encore plus. Et comme cela vous serez satisfait de votre pauvre savoir mais il devrait vous suffire. Aimez la vie et non plus le savoir qui n’est que le frein à mourir intelligemment.






ENFIN LA CHUTE
Pas un seul instant sans choir, pas de répit. L’avancée n’est pas simple mais parfois bénéfique. Il ne restera rien de moi. Si, peut-être une information en forme de question. À quoi puis-je servir ? Je vous le demande. J’ai eu plein de réponses. Des milliers de réponses, toutes plus farfelues les unes que les autres. À en croire que la vie n’aurait aucune réponse devant la disparition. La vie n’a aucune réponse devant rien. Comment pourrait-elle répondre ? Certainement par le mépris, ou alors par je ne sais quelle virevolte, qu’il faudrait certainement dormir sur l’oreille de l’autre pour enfin entendre sa propre voix. Mais pas simple, je veux dire, frôlant la catastrophe. Mais de quelle catastrophe s’agit-il, de celle du départ ou simplement de la découverte du retour de soi ? Je suis encore en vie, pas pour longtemps certainement mais savoir que nous ne sommes juste qu’une petite parcelle de terre sur laquelle l’on marche et rêvons. Alors plus nous avançons plus nous nous enterrons nous même. Et la terre est belle de par notre arrivée simple et douce. Continuons de marcher ! Nous n’en serons que plus fort devant l’improbable. L’improbable et éternelle mission qui nous incombe chaque jour de notre vie.
Marcher et s’enfoncer de plus en plus. Ne pas écraser les bestioles souterraines qui sont peut-être nos ancêtres du plus profond de notre vie. Je ne suis rien mais j’en suis conscient. Il y aura toujours la beauté de la femme qui passera à côté de moi sans se retourner. Je pourrai la suivre jusqu’au moment où elle commencera à se lasser, se lasser de moi, de ma poursuite infernale et imbécile. Dans un monde lointain ou inconnu je lui tends les bras mais sans réponse. Lui sauter dessus, essayer de la prendre par la taille mais je n’ai plus de bras. Pour elle ni pour les autres. Alors que faire ? Creuser un trou avec les bras des autres et disparaître définitivement. Ce que je fis. La vraie rencontre avec les vers et autres bizarres bestioles. On m’avait déjà prévenu mais je n’en avais pas tenu compte. Je fus surpris mais il fallait continuer. Les vers me firent poète malgré moi. Logique ! Quoi de plus logique !
Fin de l’imbécillité 44 au temple 17 de ma pauvre, petite et douce vie !


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