
Avant d’être dans un recoin de Paris, Assise était déjà dans un recoin de sa tête. Mais pour y arriver, se tenir enfin devant la porte, il lui fallait tourner autour, s’en éloigner, s’en rapprocher, ne plus y penser. Il pouvait multiplier ses passages devant la porte cochère de la rue Quincampoix, d’ailleurs c’est bien ce qu’il faisait dans ce quartier qui lui était familier, la porte demeurait invisible. Derrière ses battants de bois il n’y avait pas encore de cour intérieure et dans cette absence de cour intérieure il n’y avait pas encore d’immeuble et dans cette absence d’immeuble, pas encore d’escalier B et dans cette absence d’escalier B, aucune porte ne s’ouvrait sur un zendo.
Donc, c’est dans une rue où tout cela n’existait pas qu’il trainait son envie d’un lieu où il pourrait s’asseoir pour goûter la lumière du matin, surtout se sentir en présence. Il lui semble maintenant étrange, qu’il fût à ce point en recherche d’un lieu, qui se profilait ou du moins se faisait désirer depuis longtemps, désir d’espace vide et de murs, image diffuse, désir de clôture peut-être. Il a donc été fasciné par tous les espaces de création rencontrés sur son chemin, lieux publics ou privés, Paris, Tokyo, ateliers, squats, galeries, dojo, sans jamais pouvoir s’y poser et encore moins s’y rencontrer. Il en vient à se dire que souvent nous cheminons avec l’obsession de savoir lire le monde pour l’utiliser au mieux et s’y faire une place, alors que nous sommes à notre insu, avec minutie et délicatesse, déchiffrés par le monde qui n’attend que notre abandon pour s’avancer vers nous.
En haut de l’escalier, la porte était entrouverte, il a enlevé ses chaussures, prit un coussin et s’est assis avec tous, ils étaient au rendez-vous, pèlerins et pèlerines, arrivés là par bien d’autres routes, il était maintenant parmi eux et quelque chose s’est apaisé en lui, c’est peut-être son urgence qui a disparu. À partir de ce jour, celui de son premier zazen puisque c’est de cela dont il est question ici, le temps s’est ordonné enfin.
C’est ainsi que parfois, nous nous découvrons à la croisée des chemins, nous ne savons plus comment nous sommes arrivés là, nous oublions même les moments de doute et l’errance, car du fond de nous-mêmes, dans un recoin où rien ne doute, nous comprenons que tout bien pesé, nous sommes arrivé à l’heure pour le rendez-vous.













Site officiel du CENTRE ASSISE
ASSISE est un Centre de cheminement intérieur se référant au zen et à l’enseignement de K. Graf DÜRCKHEIM, enraciné dans la tradition mystique chrétienne et ouvert aux autres traditions spirituelles.
Il a été fondé par Jacques BRETON, prêtre catholique, assistant de Graf DÜRCKHEIM, qui a reçu mission d’enseigner le zen par Soshu RÔSHI.
ASSISE s’organise dans une association placée sous l’autorité d’un responsable spirituel nommé par l’archevêque de Paris dans les conditions prévues aux statuts de l’association. (Extrait de la charte du Centre Assise).

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