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Mon poids sur la Terre
Je voulais écrire un truc du genre « mon poids sur la Terre ». Il y a des jours où l’on se sent plume, malmené, soulevé à la moindre rafale. Des jours fragiles et énervés où on ne pèse rien et où la vie pèse des tonnes.
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L’histoire de Wallace
Soudain, un ange flotte au-dessus du carrefour, au-dessus des voitures. Il s’élève péniblement à une vingtaine de mètres, souffle bruyamment battant des ailes dans l’air humide, mais personne n’y prête la moindre attention.
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Izakaya
Un jour certainement, il se demandera comment s’appelait la jeune femme qu’il aimait beaucoup. Sa mémoire peinera à retrouver les contours de son visage et aussi le son de sa voix.
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Les lumières du Tokyo Ramen
Au bout du comptoir à droite il y a sa place et de toutes ces années, à chacun de ses séjours, il a toujours mangé à cette place. Les marmites en aluminium étincellent, l’eau frémit, la minuscule télé est allumée.
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Lame de fond
Tu l’entends mais tu ne l’écoutes pas. Le son du bol. Bois contre métal. Est-ce que la vibration s’arrête au contour de mon corps ou est-ce qu’elle me traverse ? Je ne devrais pas y penser maintenant.
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Connexion (Kae Tempest)
L’apathie, ou la déconnexion, correspond à une absence d’émotion authentique. On fait mine d’être impliqué et attentif à ce qui se passe autour de soi alors qu’on a l’esprit ailleurs. On est accaparé par les préoccupations de la journée à un point tel que les évènements eux-mêmes passent inaperçus ou sont vécus en gros plan…
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Shinjuku une rencontre
Il suivait des gens qui suivaient d’autres gens, ne savait pas pourquoi il était là à marcher autour de cette gare de Shinjuku. Il n’a jamais aimé venir dans ce quartier mais parfois sa fatigue le fait aller là où il sait qu’il va être encore plus mal et plus vite anéanti.
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La révolution d’un seul brin de paille (Masanobu Fukuoka)
Ce soir je remarque ce livre sur les étagères de ma bibliothèque. Avec plaisir et tendresse je retrouve cet ami un peu oublié depuis une trentaine d’années.
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Dialogue avec la gravité (Ushio Amagatsu)
Le corps est le support, l’assise même de la danse, avant même que celle-ci n’ait lieu, à proprement parler. Son émergence commence par son passage dans le ventre maternel. Telle une réminiscence de l’apparition de la vie dans les eaux de l’océan, il y a trois milliards d’années, la matrice est replie de ces eaux…
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Nezu une île
Il se sent dériver depuis longtemps dans la ville. Des courants tièdes le poussent d’un quartier à l’autre, où il ne trouve aucune prise pour s’arrimer, calmer son souffle, d’autres courants le chassent, hommes et femmes sont emportés avec lui,
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Before my time
C’est seulement aujourd’hui, à soixante-deux ans, j’ai donc l’âge que tu avais quand tu as quitté ce monde, que je me dis que cette vie d’ouvrier était peut-être pour toi une sorte de prison obligatoire, et je n’avais jamais pensé un truc pareil avant d’écrire ce foutu texte, c’est vrai, pourquoi aurais-tu rêvé d’être ouvrier…
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Le carnet de Minami Senju
Adossé au mur d’une chambre minuscule, deux heures du matin, des bruits de pneus mouillés sur l’avenue cinq étages plus bas. La saison des pluies commence et il pleuvait à l’aéroport.
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Devant cette porte
Devant cette porte, un échange de voix lui parvient de l’intérieur. Il a été surpris par les voix. Il s’est figé là. Deux voix féminines, une jeune et une autre moins jeune. Des mots japonais, des bruits de vaisselle. Il lui semble comprendre les mots, pourtant il ne peut les distinguer complètement.
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Aquariologie
Zazen. Je ferme les yeux, eux aussi peut-être, pendant quelques secondes, j’entends encore des froissements de tissus, des frottements de peaux, des raclements de gorges. Et plus rien. Mes voisins ont disparu. Ai-je également disparu pour eux ?
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Poétique de la ville (Pierre Sansot)
Sa promenade au bord de la rivière Sumida n’a en fin de compte, rien de rafraichissant, une simple envie de voir de l’eau, de l’eau à tout prix dans la touffeur de l’été, peut-être sentir aussi un peu de vent, mais non, pas un souffle, il suffoque encore.
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Mme Miwa Kamoshita
Le témoignage de Madame Miwa KAMOSHITA sur les événements qui ont suivi le 11/03/2011.
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Assise
Avant d’être dans un recoin de Paris, Assise était déjà dans un recoin de sa tête. Mais pour y arriver, se tenir enfin devant la porte, il lui fallait tourner autour, s’en éloigner, s’en rapprocher, ne plus y penser.
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Tu m’entends ?
2014 et 2015 urgence d’enregistrer un disque, faire des spectacles, partir pour une tournée, pourquoi pas au Japon ? Rien ne nous paraissait impossible alors nous eûmes l’aplomb d’embarquer à nos côtés, dans un projet plus ou moins abouti, des musiciens de très haut vol.
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Tout est Vray
Michel VRAY, en quelques images, en quelques mots, pour retrouver le talent et la tendresse d’un homme qui jusqu’au bout aura vécu avec la poésie.
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Le vélo d’Istambul de Michel Vray
D’un grand petit séjour au moulin étendoir des Belles Rives est né dans un grand éclat de rire, avec les poissons, la maman des poissons et toutes nos petites superbes écrevisses, mortes un jour de fausse pluie (comme souri froide) le Vélo d’Istanbul.
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Le cahier de La Pierre qui vire de Michel Vray
J’ai relu ce carnet que Michel Vray a écrit à l’occasion d’un séjour au Monastère de la Pierre Qui Vire en Bourgogne. Je me décide à le partager.
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La paupière
Les quelques traits qui composent un caractère idéographique sont tracés dans un certain ordre, arbitraire mais régulier; la ligne, commencée à plein pinceau, se termine par une pointe courte, infléchie, détournée au dernier moment de son sens. C’est ce même tracé d’une pression que l’on retrouve dans l’œil japonais.
