SŒUR D’ARME

Sœur d’arme.

Un froissement de tissu. Une écoute millimétrée. Une peau contre ma peau. Mais à peine. Ton regard noir. Et le silence des murs autour de nous. Aucun désir visible. Mutisme du kata. Frôlements contrôlés. Ton souffle maîtrisé. Ta distance, habituelle. J’écoute encore plus fort. Les bois de nos sabres qui claquent. Il en allait toujours ainsi les dimanches à Belleville. Entre nous, une manière de tendresse. Je vivais en ces temps-là, délices et souffrances, tête à tête merveilleux, avec mon in-espérance.

Tu m’étais l’inaccessible. Au rendez-vous d’un soir. Rue de Ménilmontant. Deux traits de maquillage au coin des yeux. Comme un couple dans la nuit. Quand nous avons dansé. Frôlements contrôlés. Le chanteur nous faisait crier. Quand nous nous sommes séparés.

Ton combat était en chemin mais nous n’en savions rien. Nous arpentions les rues de Paris, nous étonnant d’un mur, tu marchais à l’aventure dans des boutiques étroites, tu étais rieuse, curieuse, esthète de la matière, envoûtée par la couleur. 

C’est un Japon lointain qui nous avait assemblé. Il en aura fallu des années pour qu’on essaie de se parler, pour qu’on aime se remarquer. Et puis un jour tu es partie. Ton combat fut long et difficile, mais l’adversaire était de taille.

Maintenant je garde mon sabre, bien rangé dans son étui. Ma sœur d’arme, ma sabreuse comme j’aimais t’appeler. Je n’aurais jamais su te dire, mais j’aime à penser qu’aujourd’hui encore, comme à ton habitude, tu me secoues quand je m’endors.  Alors je me redresse, peut-être que tu me frôles encore.

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